Frank Farian : quand l’arnaque rencontre le génie

Dans le barnum faramineux qu’est l’industrie musicale, il est des hommes de l’ombre, des compositeurs fantômes, des interprètes trompe-l’œil et des malfrats insoupçonnés. Frank Farian aurait très bien pu souffrir d’une de ces étiquettes, si ce n’est son talent indéniable, sa dextérité et surtout son goût pour la discrétion. Principal fait d’armes ? Le hitman a vu les ventes des albums et singles qu’il a produits atteindre le seuil stratosphérique des 850 millions d’albums, au même titre qu’un certain Michael Jackson. Retour sur un génie de la composition, des affaires et surtout de l’arnaque…

Boney M. ou la déferlante Disco made in Munich

En composant « Baby Do You Wanna Bump », son premier effort, le producteur allemand était loin d’imaginer un tel succès radio. Pris de court, flairant la longévité du filon Disco, il monta un groupe de toutes pièces pour assurer la promotion du morceau, et fera appel à quatre Antillais, moyennant une rémunération modique : les fameux Boney M. Farian, non content de n’en être « que » le producteur, finira par composer la totalité des chansons originales et assurera même l’intégralité des parties vocales masculines. Résultat des courses ? 110 millions de disques vendus, devant Springsteen, David Bowie, Guns N’Roses, Kiss…Etc. Une performance incroyable pour des morceaux fabriqués en atelier, qui doit beaucoup au génie « catchy » du sieur Farian. Revers de la médaille, jamais Boney M. n’aura assuré une prestation en direct Live, se contentant de mimer des tubes sur-mesure confectionnés pour plaire aux mélomanes de 7 à 77 ans…

Mili Vanilli, le concept poussé à son extrême

Après quelques péripéties similaires avec Meat Loaf, Eruption et No Mercy, Farian fera encore plus fort. Il verra ses protégés de Mili Vanilli empocher le Grammy Award pour « Best new artist », consécration suprême pour celui qui ne se contentait plus de composer, mais aussi de chanter (ou de faire chanter) les morceaux mimés par ses poulains. La supercherie finira par éclater au grand jour, au summum du succès d’un groupe sans mérite. Alors que les deux compères de Mili Vanilli se trémoussaient sur un de leur tube en concert, la bande magnétique qui assurait le playback dérapa. Ce n’est que quelques jours plus tard que les soupçons se confirmeront, lorsque Charles Shaw révélera aux médias qu’il était la véritable voix de Mili Vanilli, preuve à l’appui. Suite des évènements ? Pour rétablir une crédibilité fatalement entachée, le groupe convaincra Farian de produire un nouvel album, avec cette fois les véritables voix des protagonistes, ce qui débouchera sur « Back In Attack ». La veille de la sortie de ce qui devait être le grand retour des Mili Vanilli, l’un des deux chanteurs, Pilatus, sera retrouvé mort dans sa chambre d’hôtel de Francfort à 32 ans.

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